Pourquoi j’ai quitté un emploi stable pour l’artisanat ?

On pourrait croire que j’ai tout plaqué sur un coup de tête, une envie soudaine de liberté, une crise existentielle. Mais non. Ce n’était pas un caprice ni une crise de la cinquantaine. C’était un burn-out.

Le burn-out, ce n’est pas juste de la fatigue. Ce n’est pas un simple ras-le-bol. C’est un mur. Un arrêt brutal. Un corps qui dit non, quand l’esprit essaie encore de dire oui.

Frédéric Lecot, psychologue du travail, décrit très justement ce que l’on ressent lorsqu’on s’effondre :

"Ce n'est pas que tu ne veux plus. C'est que tu ne peux plus. Tu ouvres ton ordinateur, et ton corps dit non. Ton regard glisse sur l'écran. Tu ne lis plus. Les mots techniques te donnent la nausée. Le cerveau ne suit plus. Il bugge. Il sature. Et tu culpabilises de ne pas réussir à faire ce que tu faisais avant, si naturellement."

Son texte résonne profondément en moi. L’épuisement n’est pas qu’une affaire de mental. C’est aussi un effondrement physique. Une alarme qu’on refuse souvent d’entendre, jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

"Le fait d'être empêché de bien faire. De ne plus pouvoir s'y reconnaître. C'est une blessure éthique autant qu'un effondrement physique.

Le burn-out n'est pas un bug personnel. C'est le signal d'un système détraqué, où les valeurs du soin, de la rigueur, de la conscience professionnelle se retournent contre ceux qui y tiennent le plus."

J’ai longtemps résisté. Parce que j’aimais ce que je faisais. Parce que j’avais un bon poste, un salaire confortable, des collègues sympas. Mais au fil du temps, quelque chose s’est brisé. J’avais l’impression de me trahir, de ne plus reconnaître ce que je faisais ni pourquoi je le faisais.

"On ne s'épuise pas seulement parce qu'on travaille trop, mais parce qu'on nous empêche de bien travailler. On ne s'effondre pas juste à cause du stress, mais parce qu'on est contraint d'aller à l'encontre de ses valeurs, ce moment où l'on sait ce qu'il faudrait faire, mais où l'on est obligé de faire autrement, au mépris de la qualité et du sens.

 La souffrance ne vient pas tant du travail en lui-même, mais du fait qu'on nous prive de la possibilité de bien le faire. "

Alors j’ai fini par abandonner.

Je me suis tournée vers quelque chose de plus vrai, plus concret. L’artisanat. La création. Travailler avec mes mains. C’est loin d’être une voie facile, c’est même souvent précaire et solitaire. Mais c’est un choix conscient. Un choix pour moi.

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